Douze membres de la brigade anticriminalité étaient toujours en garde à vue jeudi.
Douze membres de la brigade anticriminalité (BAC) du nord de Marseille étaient toujours en garde à vue jeudi 4 octobre dans le cadre d’une enquête de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN, la « police des polices ») sur des faits de vol et d’extorsion qu’ils auraient commis en bande organisée auprès de dealers ou de vendeurs de cigarettes de contrebande.
Interpellés mardi sur commission rogatoire, leur garde à vue pourrait durer jusqu’à quatre-vingt-seize heures. Selon RTL, dans le cadre de cette enquête, menée depuis février, l’IGPN avait équipé certaines voitures de la BAC de microphones et de caméras.
Toujours selon la station de radio, des perquisitions auraient permis de découvrir des barrettes de cannabis, des bijoux et de l’argent en espèce cachés dans les vestiaires et les faux plafonds de la BAC. Une source proche de l’enquête précise à l’AFP que des équipes cynophiles ont découvert 500 grammes de haschisch au total.
« DES MENACES »DES MENACES »
Des analyses comptables ont en outre été effectuées sur les comptes bancaires des suspects pour retrouver la trace de plusieurs dizaines de milliers d’euros d’argent sale et des vérifications sur leur train de vie ont été effectuées, a-t-on ajouté de source proche de l’enquête.
Une enquête préliminaire avait été ouverte en novembre 2011 après des signalements au parquet, notamment du préfet de police de l’époque, Alain Gardère, qui avait reçu des victimes présumées du racket des policiers de la BAC nord, selon une source proche du dossier.
L’instruction s’est récemment accélérée après le témoignage à la télévision d’un homme se présentant comme un ex-policier de la BAC nord, révoqué en mars pour avoir relâché un dealer. De dos et la voix modifiée, il avait dénoncé des vols d’argent, de drogue ou de scooters, disant avoir subi « des menaces » pour avoir voulu dénoncer ces pratiques.
« DES MENACES »DES MENACES »
Dans le cas où ces fonctionnaires seraient mis en examen et placés sous contrôle judiciaire avec interdiction d’exercer, voire écroués, les effectifs de la BAC nord, qui compte environ 70 personnes, s’en trouveraient sensiblement réduits. Des solutions de remplacement sont déjà à l’étude, « selon les dégâts que fera l’affaire », a-t-on indiqué de même source. La police marseillaise avait déjà fait l’objet d’une opération « mains propres » à l’été 2010 sur fond d’arrestations dans le milieu du grand banditisme local.
« Il faut faire la part du vrai et du faux dans cette enquête, entre ce qui relève de la délinquance et ce qui est le travail quotidien de l’ensemble des policiers de terrain. Entre indics et policiers, c’est du donnant-donnant », a déclaré à l’AFP l’avocate de l’un des suspects, Me Béatrice Manoukian. Les policiers, à qui leur hiérarchie « demande de faire du chiffre mais pas de vagues », « ont peu de moyens et ne sont pas soutenus », a-t-elle dit.
Source : Lemonde.fr