Un policier de la brigade des stupéfiants du commissariat de Metz a été mis en examen, vendredi, pour trafic de stupéfiants et corruption passive. On lui reproche également d’avoir consulté des fichiers, détourné des scellés et informé des trafiquants sur des enquêtes en cours.
Appelé lundi après-midi dans le bureau de son supérieur, ce policier messin de la sûreté départementale ne s’attendait pas à se retrouver face à l’Inspection générale de la Police nationale (IGPN). Interpellé, le brigadier de 43 ans a été placé en garde à vue dans le cadre d’une commission rogatoire ouverte le 30 décembre dernier.
Commence une garde à vue de 96 heures, pendant lesquelles le fonctionnaire est auditionné par la police des polices à Metz puis conduit au commissariat de Pont-à-Mousson pour la nuit. Déféré vendredi matin au tribunal de grande instance de Metz, il a été mis en examen pour trafic de stupéfiants, corruption passive, détournement de la finalité d’un traitement de données à caractère personnel, détournement de scellés et révélation d’informations sur une enquête ou une instruction pour crime ou délit, punie d’une peine de dix ans d’emprisonnement, à une personne susceptible d’être impliquée. Il a été placé sous contrôle judiciaire alors que le parquet avait requis son placement en détention provisoire.
Pendant plus de trois ans
Affecté en 2004 à la brigade des stupéfiants de Metz, ce policier aurait profité de son statut pour informer, depuis janvier 2017 et jusqu’à maintenant, des trafiquants de l’agglomération messine mais aussi de Rombas, des enquêtes en cours et de leur avancée. Moyennant des subsides financiers, il les aurait protégés tout en leur revendant des listes de toxicomanes ou même des scellés saisis. Et notamment de l’héroïne. Il aurait profité de sa fonction pour consulter des fichiers et monnayer les informations qu’il en tirait. Toujours moyennant des enveloppes conséquentes, versées régulièrement, il aurait « omis » de travailler sur certains de ses protégés ou de conduire des investigations sur des entrées d’immeubles, à Metz-Borny ou Rombas, où ses « amis » pouvaient mener leur business plus tranquillement.
Un véritable système mafieux
Bien rodé, le scénario, qui a fonctionné pendant plusieurs années, a été dévoilé progressivement. Et plus particulièrement, lors d’une enquête incidente menée par la police judiciaire sur un vaste trafic de stupéfiants. À l’occasion d’écoutes, les policiers ont eu vent qu’un collègue du commissariat était en cheville avec des trafiquants. Contre de coquettes sommes d’argent, il faisait, par exemple, échouer des surveillances en informant les dealers. Des éléments devenus tangibles lorsque, fin décembre, l’enquête menée en préliminaire connaît un nouveau rebondissement avec l’ouverture d’une information judiciaire. Saisie du dossier, l’antenne messine de la police des polices commence à s’intéresser de plus près à ce père de famille aux apparences de « bon flic ». Les investigations de l’IGPN vont se poursuivre tant sur le plan administratif pour la sanction disciplinaire, qui sera prononcée prochainement, que sur le plan judiciaire dans le cadre de la commission rogatoire.
Source : republicain-lorrain.fr