CANNABIS MÉDICAL : Un substitut aux opioïdes dans la gestion de la douleur chronique ?
Les États-Unis constituent un terrain de recherche de prédilection sur le cannabis médical et récréatif, en raison de la légalisation progressive de ces usages dans les différents états. Cette étude vient confirmer les conclusions de précédentes études, avec de nouvelles preuves de l’efficacité du cannabis médical à se substituer aux traitements opioïdes dans la gestion à long terme de la douleur chronique. Cette équipe de la CUNY Graduate School of Public Health (New York) démontre dans le JAMA Network Open que le recours au cannabis médical pendant 30 jours ou plus peut aider les patients sous traitement opioïde à réduire leur dose d’opioïdes au fil du temps.
Et ce sont les patients qui reçoivent et prennent des doses initiales plus élevées d’opioïdes sur prescription, pour la gestion de la douleur, qui parviennent aux réductions les plus importantes des doses d’opioïdes, avec l’utilisation, en substitution donc, du cannabis médical.
Consommation de cannabis médical pour la douleur chronique et réduction des opioïdes
Cette analyse de données à l’échelle de la population apporte ainsi de nouvelles preuves solides aux praticiens sur les avantages thérapeutiques du cannabis médical, sur la réduction possible de la charge d’opioïdes et du risque d’overdose, et sur la réduction du risque éventuel de consommation de substances illicites.
Ces données devraient éclairer les politiques publiques, dans les pays et les régions où le cannabis médical n’est pas encore légalisé.
L’équipe de la CUNY Graduate School analyse ici une combinaison de 2 grandes bases soit les données de 8.000 participants. Les chercheurs évaluent les doses d’opioïdes sur prescription, consommées par les participants au cours des 12 mois précédant la légalisation du cannabis médical et jusqu’à 8 mois plus tard. Pour chaque mois du suivi, les chercheurs comparent « l’équivalent quotidien moyen en milligrammes de morphine » pour les participants, ceux qui ont reçu du cannabis médical pendant plus de 30 jours vs ceux qui en ont reçu 30 jours ou moins. L’analyse confirme que :
- chez les patients avec l’équivalent quotidien moyen en milligrammes de morphine le plus faible, l’équivalent quotidien moyen de morphine à la fin du suivi pour les patients ayant utilisé le cannabis médical sur une durée plus longue, est réduit de 48 % par rapport au départ ; en moyenne, cette réduction est estimée à 15 % ;
- cette réduction n’atteint que 4 % par rapport au départ pour les patients ayant la durée de consommation de cannabis médical la plus courte.
« Notre étude confirme donc la capacité du cannabis médical à se substituer au moins partiellement, aux opioïdes, pour la gestion de la douleur chronique, avec des réductions significatives chez les patients recevant du cannabis médical pendant une durée plus longue », commente l’auteur principal, le Dr Trang Nguyen du Ministère de la Santé : « Certains patients ont pu ainsi réduire leur consommation d’opioïdes de 50 % après 8 mois ».
Les implications sont à l’évidence importantes pour les cliniciens et les décideurs, en pleine crise des opioïdes. Le cannabis médical se révèle en effet une option possible, substituable ou à combiner à la prescription d’opioïdes, avec pour avantage une réduction des doses d’opioïdes et donc une réduction du risque de dépendance. Ensuite, alors que de précédentes recherches ont montré qu’une interruption brutale des prescriptions d’opioïdes chez les patients recevant des doses élevées et une thérapie par opioïdes à long terme peuvent entraîner la consommation de drogues illicites, une surdose et des comportements à risque, comme l’automutilation, cette étude suggère
une option plus tolérable, en substituant progressivement le cannabis médical aux opioïdes.