Caroline Janvier, députée LREM du Loiret. 23/01/2021
La mission parlementaire sur le cannabis a lancé une consultation citoyenne en ligne sur le sujet. Une initiative défendue par la députée LREM du Loiret Caroline Janvier, rapporteuse.
« Le cannabis est révélateur d’un paradoxe comme on les aime en France : une législation parmi les plus répressives d’Europe ; la première place du continent pour la consommation. Qui d’ailleurs, ne cesse de croître avec 900 000 consommateurs quotidiens, cinq millions occasionnels et près d’un Français sur deux qui reconnaît avoir déjà consommé du cannabis.
Face à cela, c’est beaucoup de temps, d’énergie, d’argent qu’il nous faut déployer pour combattre une réalité désormais omniprésente. Près de 600 millions d’euros de dépenses publiques annuelles pour lutter contre les trafics et sanctionner la consommation. Tandis que la prévention et le soin, parents pauvres de notre politique publique sur le cannabis puisque non dotés de ressources fiscales, ne totalisent que 45 millions d’euros. Quand on sait combien les actions de sensibilisation, d’accompagnement ont fait leurs preuves pour le tabac ou l’alcool, dont la toxicité et les risques de dépendance sont pourtant largement supérieurs, on ne peut que regretter que le cannabis soit uniquement envisagé sous l’ange sécuritaire. Et qu’il permette aujourd’hui aux dealers et autres Al Capone du cannabis de construire des empires au nez et à la barbe de la puissance publique corsetée dans une doctrine dont elle n’a pas les moyens. Une doctrine muette face au décrochage scolaire des jeunes, aux risques psychiatriques chez les moins de 25 ans, à l’augmentation d’année en année de la teneur en THC dans les substances consommées.
La volonté de changer de paradigme
Lorsqu’une loi n’est plus appliquée parce qu’en retard sur la réalité, il est de la responsabilité de ceux qui la construisent de la faire évoluer.
Avec la mission d’information relative aux usages du cannabis, nous avons d’abord la volonté de changer de paradigme. Préférer l’efficacité à l’approche idéologique ou morale. Parce que le cannabis charrie nombre de confusions, d’amalgames, parfois de fantasmes. Cela nuit non seulement à la qualité des débats, mais nous empêche de faire les constats que les données objectives et avancées scientifiques nous imposent. Et de là, construire des solutions réalistes et éprouvées ailleurs.
Partout dans le monde, la situation évolue. Du Portugal au Canada, en passant par les États-Unis ou l’Uruguay, les retours d’expérience montrent qu’il est possible de faire baisser la consommation des jeunes, de lutter contre le crime organisé et finalement de reprendre le contrôle d’une situation à laquelle nous nous sommes habitués depuis trop longtemps.
Entendre le plus grand nombre possible de nos concitoyens
Ironie du sort, l’opinion publique semble aujourd’hui en avance sur la classe politique, comme le montrent différents récents sondages. Raison pour laquelle nous avons lancé une consultation citoyenne sur le site de l’Assemblée nationale. Avec l’objectif d’entendre le plus grand nombre possible de nos concitoyens qu’il s’agit désormais d’associer à ces réflexions.
Et finalement, les choses bougent aussi parmi les élus, au-delà des clivages politiques. Confortant la nécessité de sortir des postures politiques. De nombreux maires, en première ligne face aux stupéfiants, se sont ainsi exprimés publiquement ces dernières semaines en faveur d’un changement de modèle.
C’est le sens de l’histoire que d’aborder aujourd’hui ce sujet avec responsabilité, objectivité et pragmatisme. Le temps est venu de reprendre le contrôle, d’établir une vraie politique de santé publique sur le cannabis et de donner d’autres perspectives aux territoires abîmés par le trafic. »
Source : msn.com