Aux États-Unis, au Canada… on a déjà franchi le pas : le cannabis y est prescrit par les médecins. Et en France ? Les réponses de Stéphanie Benz et Emmanuel Botta.
Des députés LREM le réclament, les autorités de santé le testent, l’Union européenne et l’OMS l’encouragent, le Canada et la Californie ont sauté le pas, les patients le plébiscitent : le cannabis sort du bois et de son seul statut de substance stupéfiante. En France, il va servir de traitement d’appoint dans cinq pathologies d’ici à la fin de l’année, à titre expérimental dans un premier temps.
Au-delà de l’effet de mode et de la pression médiatique, quelle est son efficacité réelle et qu’en disent les études ? Moins que ce que prétendent ses adeptes, répond Stéphanie Benz. Moins que ce qu’en attendent les industriels, cigarettiers et alcooliers notamment, qui y voient un lucratif relais de croissance, ajoute Emmanuel Botta. On les écoute.
Les questions que nous avons posées à Stéphanie Benz et Emmanuel Botta
L’idée n’est pas née dans le cerveau embrumé d’un chercheur baba cool , elle est très sérieuse, très documentée, très à la mode, aussi : soigner avec du cannabis, la bonne vieille herbe de tonton rock, c’est possible, et pour beaucoup, c’est même souhaitable. L’Express a fait le point sur cette revendication pas si fumeuse, Stéphanie Benz pour la médecine, Emmanuel Botta, pour le business. Bonjour à tous les deux. J’ai une remarque pour commencer, qui s’adresse plutôt à Stéphanie : le cannabis serait, le cannabis pourrait, le cannabis soulagerait, il y a beaucoup de conditionnels dans ton article. En fait, on a l’impression qu’on ne sait pas grand-chose…
- D’où vient cette vague verte, pourquoi depuis quelques années, voire quelques mois, on s’agite autant autour des vertus thérapeutiques du cannabis ?
- Ca a longtemps été une revendication portée par de doux dingues qui sentaient le patchouli, aujourd’hui, elle est reprise par des gens qui ont une force de frappe autrement plus impressionnante, les cigarettiers et les alcooliers. Ceci explique cela ?
- Ou pas seulement ?
- Un petit point médical, pour commencer. D’abord, quand on dit cannabis, on parle de quoi ?
- Ca se consomme sous quelles formes ?
- C’est utilisé dans quelles pathologies, pour quels effets ?
- D’autres médicaments, moins polémiques, ne feraient pas aussi bien l’affaire ?
- Les arguments pour.
- Les arguments contre, les dangers.
- Le phénomène gagne, et certains pays ont déjà sauté le pas, dont le Canada. Qu’est-ce qui les a convaincus ?
- Et la France, on en est où ?
Parmi les défenseurs les plus acharnés du cannabis thérapeutique, mais pas seulement, du cannabis tout court, il y a les fabricants de cigarettes et d’alcool, qui y voient un relais de croissance juteux. Quelle est leur stratégie ?
- On a une idée des chiffres d’affaires générés aujourd’hui par le cannabis légal ?
- Je parlais du Canada, il y a le Colorado aussi, un état américain, où le cannabis est devenu un secteur d’activité à part entière. Ca représente quoi dans les économies de ces pays ou états ?
- Aujourd’hui, aux mains de qui : nouveaux acteurs ou des industriels existants, comme les cigarettiers ou les alcooliers ?
- Et pour l’agriculture, c’est un débouché ?
Eux tous se battent pour un cannabis qui reviendrait à sa vocation initiale : s’envoyer en l’air. La vague thérapeutique précède la vague récréative ?
- Vous n’en parlez pas dans votre enquête, mais l’un des arguments des partisans de la libéralisation, c’est l’assèchement de l’économie parallèle, la lutte contre les dealers. C’est crédible, ça ?
- Cette économie parallèle, elle fait vivre des dizaines de milliers de personnes. On en fait quoi ?
Il y a un aspect moral, qu’on n’a pas abordé, qui se mélange à l’aspect médical : le cannabis c’est physiologiquement dangereux, c’est socialement dangereux, aussi. Ces dangers sont pris en compte par les autorités ?
Source : https://www.lexpress.fr/actualite/societe/sante/le-cannabis-fait-il-un-bon-medicament_2086833.html