Une histoire de Noël dans la sombre ville allemande de HightVille.
Personne ne sait exactement depuis quand un Père Noël se promène dans notre petite ville le soir de Noël et distribue des dons d’argent anonymes. Mais cela fait déjà deux ou trois décennies que cet inconnu fait des siennes – des siennes parce qu’il arrose d’argent des personnes qui ne le méritent pas. Au lieu de donner aux citoyens travailleurs et vertueux à l’occasion de Noël, il gratifie les paresseux et les parasites sociaux de notre commune.
Je viens d’être touché, alors que je pensais que cela ne pouvait pas m’arriver. Après tout, en tant que rédacteur de Hanf Journal, j’ai un emploi à peu près régulier et je paie sagement mes impôts. Mais soudain, il s’est présenté à ma porte – le Père Noël des pauvres, des veuves et des orphelins.
J’ai d’abord pensé à une erreur, mais ce n’était pas le cas. Le bienfaiteur déguisé en Père Noël se tenait devant moi en chair et en os et me demandait d’entrer. Je l’invitai à s’asseoir à table, lui versai une tasse de Darjeeling et lui servis des pâtisseries hollandaises.
« Qu’est-ce qui t’amène chez moi, cher Père Noël ? », ai-je demandé à l’étranger. « Je ne suis pas du tout ton groupe cible. Je ne suis ni pauvre, ni sans-abri, et je ne souffre pas non plus de la faim ».
« C’est vrai », répondit le Père Noël, « Mais tu es un de mes frères ».
Ce à quoi je répondis, étonné : « Je ne sais rien à ce sujet. Tu ne vas quand même pas me dire que ma mère était une… ».
« Non, mon frère », répondit-il en me coupant la parole, « ta mère n’était pas ce que tu crois. C’était une sainte femme qui a donné naissance à un sâdhu ».
Et ce qui devait arriver arriva : le Père Noël me tendit un paquet cadeau de la taille d’une boîte à chaussures…
« Prends, c’est pour toi, amigo », dit-il. « Ne fais pas preuve de fausse modestie. Ouvre-le !
Comme prévu, le cadeau était de l’argent… beaucoup d’argent, vraiment beaucoup d’argent. Mais à ma grande stupéfaction, quelque chose d’autre m’est tombé dessus : une énorme plaquette de haschisch provenant du Maroc. J’en ai eu la salive jusqu’aux lèvres. C’était un beau cadeau. Mon regard incrédule se promenait entre le haschisch et le Père Noël.
« C’est un petit remerciement pour ton engagement, Habibi », dit le Père Noël avec un doux sourire.
« Je lis le Hanf Journal tous les jours. Vous faites vraiment un super journal – et cela pour peu d’honoraires. Prends ce don et fais-toi plaisir – avec tes collègues ».
Me montrant le haschisch, il me dit : « Ne fais pas cette tête ! Allez, roules-en un ! »
Nous sommes restés un bon moment à fumer ensemble et il a révélé les raisons de son samaritanisme de Noël. Il est importateur de haschisch à grande échelle et a un cœur pour les fumeurs de cannabis.
« Je suis dans le business depuis 1970 », a-t-il déclaré avec entrain.
« J’ai même fait des affaires avec M. Nice. Pendant tout ce temps, j’ai amassé une fortune et je pourrais couvrir le comté d’argent si je le voulais ».
Il prit une profonde inspiration et tendit le joint en retour. « Propriété oblige, n’est-ce pas ? », a-t-il poursuivi et j’ai hoché la tête.
« Depuis un demi-siècle, je n’ai pas le droit de payer un sou d’impôt parce que l’État ne veut pas de mon argent. Alors, à Noël 1995, j’ai commencé à m’acquitter volontairement de mon devoir fiscal et à distribuer chaque dixième de mes revenus à des personnes dans le besoin et la détresse. Je sais que ma charité n’est pas totalement désintéressée. Sinon, comment pourrais-je me débarrasser de l’énorme quantité de billets de banque ? Qu’est-ce que tu en penses ? Ce n’est pas grave ce que je fais ? Un peu d’argent et de haschisch, ça ne peut pas faire de mal, non ? ».
« Oh, cher bon Père Noël », soupirai-je d’émotion. « Je ne peux que m’incliner. Tu as un grand cœur et je te remercie pour ce don si doux ».
Puis il s’est mis en route pour rendre les fêtes de fin d’année plus agréables à d’autres personnes, à l’improviste. Je l’ai raccompagné jusqu’à la porte et nous nous sommes dit au revoir avec une chaleureuse accolade. Alors qu’il était à pratiquement en bas des escaliers, je lui ai crié :
« Toi, le Père Noël ! N’hésite pas à repasser en tant que lapin de Pâques ! ».
La rédaction de Hanf Journal souhaite à tous ses lecteurs des fêtes de fin d’année à la fois paisibles et planantes.