Le plus grand site de production de cannabis « indoor » d’Europe, à Ebersbach près de Dresde, dans l’œil du viseur du photographe JENS SCHLUETER, pour l’AFP. Le gouvernement d’Olaf Scholz a presenté sa feuille de route en octobre dernier pour légaliser le cannabis récréactif d’ici 2024.
La start-up berlinoise Demecan a remporté en 2019 le contrat du gouvernement fédéral pour la production de fleurs de cannabis à usage médical. Elle a acquis dans la foulée, à l’été 2020, l’immense bâtiment d’un ancien abattoir à Ebersbach, de 100 000 m², qu’elle a transformé en site de production. Le plus grand d’Europe destiné dans un premier temps à répondre à la demande en cannabis thérapeutique, dont la production et le commerce sont légaux en Allemagne depuis 2017. En attendant la légalisation du « cannabis récréatif », telle qu’annoncé par le gouvernement de la coalition d’Olaf Scholz, qui pour se faire a présenté en octobre dernier sa « feuille de route », malgré les controverses et l’hostilité de la droite allemande.
La France semble suivre le chemin inverse. Comme il en a été, en fin d’année dernière l’offensive juridique des ministères de l’Intérieur et de la Santé contre la vente des feuilles de chanvre, dont la teneur en THC, contrairement au cannabis récréatif est infinitésimale… La tentative, retoquée par la haute juridiction saisie en référé par les producteurs et distributeurs a donné le ton d’un débat de fond qui n’a, pour l’heure, jamais vraiment eu lieu ici.
« Nous ne voulons pas commettre les mêmes erreurs qu’avec l’alcool et le tabac », a déclaré Burkhard Blienert, le commissaire du gouvernement en charge des questions de drogues et des addictions. La consommation de ces deux produits, licites, dépasse largement celle du cannabis notamment chez les jeunes.
Pas de publicité, un contrôle public de la chaîne d’approvisionnement, et une interdiction aux moins de 18 ans. Toute la filière cannabique allemande se frotte les mains, au regard des « 4 millions de consommateurs » concernés, tandis que l’État prévoit une taxe sur les 4 milliards d’euros de chiffre d’affaires par an de ce secteur. En tout état de cause, la politique du tout répressif a « échoué », estime le ministre de la Justice allemand. En France, certains font encore semblant d’y croire.