Report d’une étude visant à déterminer l’impact du cannabis sur l’aptitude à la conduite
L’État de Victoria, en Australie, s’apprête à lancer une étude cruciale pour évaluer l’impact du cannabis médical sur la capacité à conduire. Cette recherche, bien que très attendue, ne sera pas achevée avant la fin de l’année 2025, suscitant déception et frustration parmi les défenseurs du cannabis médical. Cet article examine les détails de cette étude, les raisons de son report, et les implications pour les patients et la politique en matière de cannabis médical.
Contexte de l’étude
En février 2023, Daniel Andrews, alors Premier ministre de l’État de Victoria, avait souligné l’importance de comprendre l’impact du cannabis médical sur l’aptitude à la conduite. Il estimait que près de 200 000 patients utilisant du cannabis médical dans l’État se voyaient privés de leur droit de conduire en raison de la législation actuelle. Le THC, principal composant psychoactif du cannabis, peut rester détectable dans l’organisme bien après la disparition de ses effets intoxicants, ce qui pose un défi juridique et pratique pour les utilisateurs de cannabis médical.
Détails de l’étude
Jacinta Allan, actuelle Première ministre de l’État de Victoria, a annoncé le 14 mai que l’Université Technologique de Swinburne à Melbourne conduirait cette étude. D’un montant de 4,9 millions de dollars australiens (environ 3,26 millions d’USD) et d’une durée de 18 mois, l’essai portera sur environ 70 patients. Ces participants seront évalués sur leur capacité à gérer les distractions et à maintenir leurs performances au volant, en se concentrant sur des aspects tels que la direction, le freinage et le contrôle de la vitesse, le tout sur une piste de conduite fermée.
Réactions et controverses
Les députés de Legalise Cannabis, David Ettershank et Rachel Payne, ont exprimé leur déception face au calendrier de l’étude. Rachel Payne a accusé Jacinta Allan de retarder intentionnellement la décision, rappelant que Dan Andrews avait promis une réponse rapide en 2023. David Ettershank a qualifié la situation de « discrimination » contre les patients utilisant du cannabis médical, suggérant que les motivations du gouvernement pourraient être politiques.
Comparaison avec d’autres juridictions
En Tasmanie, une défense médicale est en place pour les conducteurs testés positifs au THC, reflétant une approche plus souple par rapport à la législation de Victoria. Cependant, la ministre des Routes de Victoria, Melissa Horne, a souligné que la Tasmanie compte beaucoup moins de patients utilisant du cannabis médical, ce qui rend la comparaison complexe. Horne a insisté sur le fait qu’il s’agit d’une question de droits fondamentaux, car les patients prenant une substance légalement prescrite sont actuellement privés de leur droit de conduire.
Innovations technologiques
Des entreprises, telles que Hound Labs basée à Oakland, en Californie, développent des alcootests pour le cannabis qui pourraient révolutionner la détection de l’intoxication. Le Hound Marijuana Breathalyzer, par exemple, est capable de détecter des molécules de THC dans l’haleine jusqu’à quatre heures après la consommation, fournissant ainsi une mesure plus précise de l’intoxication actuelle plutôt que de la simple présence de THC dans le sang.
Conclusion
L’étude de l’Université Technologique de Swinburne représente une avancée significative dans la compréhension de l’impact du cannabis médical sur la conduite. Cependant, son report jusqu’à fin 2025 est source de frustration pour de nombreux patients et défenseurs du cannabis. En attendant les résultats, la législation actuelle continue de poser des défis pour les utilisateurs de cannabis médical. Le développement de nouvelles technologies de détection pourrait offrir des solutions, mais des réformes législatives et une reconnaissance des droits des patients restent cruciales pour résoudre ce problème complexe.
L’État de Victoria et ses citoyens restent dans l’attente des résultats de cette étude pour informer une politique plus équilibrée et juste en matière de cannabis médical et de sécurité routière.
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