Caroline Janvier, députée LREM, en est la rapporteure. Pour l’instant, les répondants sont aux trois quart des hommes, le plus souvent favorables à la légalisation.
POLITIQUE – Recherche femme de plus de 30 ans, consommatrice ou non de cannabis pour répondre à un sondage. Cette petite annonce, c’est la députée Caroline Janvier qui aimerait la rédiger, ce lundi 8 février. À vingt jours de la fin de sa consultation citoyenne sur l’usage du cannabis récréatif, qu’elle a organisée dans le cadre d’une mission d’information sur la réglementation et l’impact des différents usages du cannabis lancée en janvier 2020 à l’Assemblée nationale.
Dans cette importante mission d’information, présidée par le jeune LR Robin Reda, et qui date depuis plus d’un an maintenant, le volet thérapeutique s’est achevé fin 2020. La députée LREM de la deuxième circonscription du Loiret est, elle, en charge de la partie la plus critique, celle dont certains spécialistes de la jeunesse, comme Bruno Laforesterie – auditionné le 18 février prochain dans le cadre de la mission d’information – estiment que l’État l’ignore volontairement, celle qui fait peur: le volet récréatif du cannabis en France.
67% d’hommes
Alors que les études sur ce sujet longtemps tabou sont peu nombreuses, Caroline Janvier veut “regarder les choses en face”, comme elle l’a écrit pour Ouest France, dans une tribune du 23 janvier dernier. Depuis le 13 du même mois, sous l’œil attentif de la députée, une consultation citoyenne est à la disposition de tous, sur le site de l’Assemblée. En 15 minutes à peine et en une quinzaine de questions pour chaque participant, elle veut obtenir une photographie pertinente des usages et des avis de la population.
À vingt jours de la fin de ce questionnaire en ligne et après déjà 224.614 répondants, la femme politique de 38 ans et son équipe observent déjà certaines tendances. Une grande majorité des contributeurs sont favorables à la légalisation. Seuls 3% des participants sont pour le renforcement des mesures répressives. Mais problème: à ce stade de la consultation, la plupart des réponses proviennent d’hommes (67% des répondants) et les âges sont massivement compris entre 18 et 29 ans (environ 45%). La députée craint donc un manque de représentativité.
Ce sont les consommatrices qui manquent. Ou pas. Toute femme est la bienvenue pour donner son avis, sa vision et ses envies au sujet du cannabis récréatif afin de rééquilibrer les statistiques. Et si elle vient d’ailleurs que Paris, c’est encore mieux: les Parisiens représentent 9% des répondants, alors même que la capitale ne correspond qu’à 3% de la population de l’Hexagone.
Politique réaliste
“Il nous faut plus de femmes, d’autres classes d’âge et des personnes moins impliquées dans le débat. Que la consultation s’élargisse au-delà des cercles de militants pro-légalisation”. Sans surprise, la députée LREM voudrait trouver un consensus et un cadre légal intergénérationnel et transpartisan à la question -laissée à l’Intérieur- du cannabis récréatif en France.
Pour aider le politique à se positionner de façon réaliste, cette consultation est “un argument-massue”. “Elle permettra de répondre aux attentes de la population”, estime la rapporteure de la consultation. “Notre société évolue. On le voit avec nos auditions depuis plusieurs mois. On le voit avec les sondages. On le voit avec la parole de certains politiques”, observe-t-elle, les paroles de plus en plus ouvertes sur le sujet, comme celles de la républicaine Rachida Dati en tête, longtemps opposée à la dépénalisation ; et les chiffres du dernier sondage du Collectif pour une nouvelle politique des drogues (CNPD) – qui rassemble 19 organisations dont Médecins du monde- devant les yeux : 82 % des Français sont favorables à “l’organisation d’un débat sur la politique des drogues incluant l’ensemble des acteurs concernés (médecins, policiers, usagers et famille d’usagers″. Il est donc temps d’y participer.
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