Après la série de meurtres et drames, sur fond de trafic de stupéfiants, notamment à Nîmes, Olivier Corzani appelle à un débat sur une légalisation encadrée du cannabis.
Faut-il, oui ou non, mettre fin à la prohibition du cannabis en France ? Cette question, loin d’être nouvelle dans le pays, divise les politiques depuis de nombreuses années. À Fleury-Mérogis (Essonne), le maire, Olivier Corzani, souhaite rouvrir le débat autour de la légalisation encadrée de cette drogue dont le trafic « agit comme un véritable poison, sur tout le territoire national ».
« La politique répressive est un échec depuis 40 ans »
J’ai déjà formulé cette proposition par le passé, mais à l’heure où le gouvernement semble chercher des solutions pour expliquer cette violence qui frappe les quartiers populaires, je propose de changer d’approche en mettant fin à la politique répressive, en matière de consommation de cannabis qui depuis 40 ans est un échec.
Un discours qui va dans le sens de l’avis émis, en janvier dernier, par le Conseil économique, social et environnemental (CESE) dans lequel il préconise la voie de la légalisation.
« Il faudrait que l’État légalise en permettant la vente et la consommation de cannabis, tout en contrôlant les filières d’approvisionnement, la qualité du produit et surtout en accompagnant cette légalisation d’une politique de prévention », estime l’élu communiste.
L’amende forfaitaire délictuelle « n’a pas eu de résultats probants »
En dépit de la prohibition, la France est le pays de l’Union européenne (UE) qui compte, en proportion, le plus de consommateurs et de consommatrices de stupéfiants.
D’après l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies, 45 % des 15-64 ans ont déjà consommé du cannabis au moins une fois au cours de leur vie, contre 27 % dans l’ensemble de l’UE.
La création, en 2019, d’une amende forfaitaire délictuelle « n’a pas eu de résultats probants », juge également le maire de Fleury-Mérogis qui constate au quotidien les ravages causés par le trafic pour les populations.
Des victimes collatérales de règlements de compte
J’ai trop d’exemples de gamins de 14 ou 15 ans qui petit à petit quittent l’école pour commencer à rejoindre le trafic et de familles démunies qui ne savent pas comment sortir de cette impasse.
L’élu s’inquiète par ailleurs de « l’apparition d’un phénomène inquiétant de cartellisation », avec des règlements de compte et des violences, notamment à Nîmes, où le petit Fayed, âgé d’à peine 10 ans, a été tué dans le quartier Pissevin, à Nîmes, alors qu’il rentrait d’un restaurant en compagnie de son frère et son oncle.
S’il déclare ne pas être optimiste sur le déclenchement d’un changement de paradigme sur le cannabis, l’édile floriacumois se dit prêt à apporter sa contribution si on le sollicite.
Olivier Corzani ouvert à une expérimentation dans sa commune
En tant que maire et acteur de la République, je suis ouvert pour participer à des travaux, ou à faire de Fleury-Mérogis un territoire d’expérimentation.
Le 30 mai dernier, le sénateur socialiste, Gilbert-Luc Devinaz a déposé une proposition de loi visant à légaliser la consommation récréative du cannabis.
Néanmoins, il y a ce jour, pas de date pour son examen. Du côté du gouvernement, la légalisation ne semble pas être à l’ordre du jour.
En déplacement mardi 12 septembre 2023 à Marseille où le trafic de drogue a fait deux nouvelles victimes en 24 h, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a pointé du doigt, au micro de France Bleu Provence, les consommateurs de drogue qu’il estime responsables « des trafics et donc des règlements de comptes ».
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