L’île de Malte, pourtant pionnière en Europe avec sa légalisation partielle du cannabis, vient de nous offrir un exemple frappant de ce que l’on pourrait qualifier de législation surréaliste. Leur dernière trouvaille ? Une amende de 250 euros pour « nuisance olfactive » causée par l’odeur d’un joint. Voilà une belle illustration de ce que l’on obtient quand on laisse la peur et le préjugé dicter les politiques publiques.
Une loi qui sent le ridicule
Cette idée, pour le moins originale, revient à punir un citoyen pour une infraction aussi subjective que celle d’« odeur gênante ». Mais comment définir objectivement une telle nuisance ? Devrait-on aussi pénaliser l’odeur d’un cigare, celle du poisson frit, ou encore celle d’une soupe de choux en hiver ? Non, visiblement seuls les amateurs de cannabis sont ciblés.
En France, où l’odeur de cannabis est souvent le prétexte à des contrôles d’identité, des fouilles, des tests salivaires aux résultats douteux et des sanctions pénales, cette initiative maltaise résonne étrangement. Elle rappelle combien les politiques publiques peuvent être incohérentes dès qu’il s’agit de cannabis, tantôt libérales, tantôt répressives, selon l’humeur du moment. Et comme si cela ne suffisait pas, on envisage déjà d’alourdir encore les amendes forfaitaires délictuelles pour usage de stupéfiants, histoire de continuer à remplir les caisses sur le dos des consommateurs tout en prétendant protéger la société. Espérons simplement que cette brillante idée maltaise n’inspire pas nos élus en quête de nouvelles sources de revenus faciles (on sait bien que l’argent n’a pas d’odeur, mais les taxes, elles, sentent toujours bon pour les finances publiques…).
Quand l’impossible devient loi
Comment la police pourrait-elle prouver, de manière raisonnable et cohérente, qu’une odeur constitue une véritable nuisance ? Faut-il imaginer des procès où l’intensité de l’odeur devient le principal élément à débattre ? Ou des policiers équipés de détecteurs olfactifs en mission dans les quartiers résidentiels ? On touche ici au cœur de l’absurdité : légiférer sur l’intangible, sur l’imperceptible, et espérer en tirer autre chose que du ridicule.
La France n’est pas en reste
Cette législation maltaise nous rappelle étrangement les réflexes français. Si l’on peut reprocher à Malte son excès de zèle olfactif, rappelons que la France excelle elle aussi dans l’art de criminaliser les consommateurs pour des infractions subjectives. La fameuse ‘atteinte à l’ordre public’ a toujours bon dos, quand il s’agit de justifier des amendes salées et des contrôles arbitraires.
La vraie solution ?
Plutôt que de stigmatiser les consommateurs, ne serait-il pas plus judicieux de favoriser les campagnes éducatives, d’encourager le respect mutuel entre voisins et de réguler la vente de cannabis de manière adulte et responsable, comme c’est le cas pour le tabac et l’alcool ? La France a besoin d’un débat sérieux et honnête sur la place du cannabis dans notre société, et non de lois improvisées pour satisfaire une minorité bruyante.
En fin de compte, cette tentative de légiférer sur l’odeur du cannabis n’est qu’une nouvelle illustration des absurdités que peut engendrer une approche partielle et incohérente de la régulation des drogues. Tant que la peur et le préjugé l’emporteront sur la raison, les consommateurs continueront d’être stigmatisés pour une pratique que l’État refuse de normaliser, préférant la répression coûteuse à une politique de santé publique rationnelle.
Le CIRC continuera à défendre une véritable légalisation, fondée sur le respect des libertés individuelles et la cohérence des politiques publiques. Après tout, si l’odeur d’un joint devient passible d’amende, autant interdire les barbecues, les parfums de mauvaise qualité et les discours politiques en période électorale…
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