Entendez-vous l’éco ?
par Tiphaine de Rocquigny
20 octobre 2020
Insérées dans le commerce à l’échelle planétaire, elles sont la face cachée d’un système économique mondialisé. Et si les organisations mafieuses étaient des multinationales comme les autres ?
Le terme « mafia » est apparu en Sicile à la fin du XIXème siècle. Présent pour la première fois dans un rapport du préfet de Palerme en 1865, le mot désigne dès cette époque une organisation criminelle. Aujourd’hui, la présence de la criminalité mafieuse est attestée dans de multiples trafics à l’échelle planétaire, de la fabrication au commerce de stupéfiants, en passant par la contrefaçon, la contrebande, la traite des êtres humains sous diverses formes, mais aussi le trafic d’armes et la criminalité environnementale. Insérées dans le commerce à l’échelle planétaire, elles sont la face cachée d’un système économique mondialisé.
La massification des flux, notamment des flux de marchandises, et leur internationalisation facilitée par l’ouverture des frontières économiques offrent des opportunités nouvelles en termes de volume de production, de possibilités de débouchés et de perspectives de gains. Ces opportunités s’adressent naturellement à la sphère des activités légales, mais rien n’empêche les criminels et les activités illégales de les exploiter également. La mondialisation des échanges permet de mettre en relation une offre et une demande non plus sur un seul marché national restreint, mais à une échelle beaucoup plus large. Ce qui permet de produire en plus grande quantité pour des consommateurs potentiellement plus nombreux.
En tête des marchés mondiaux de biens et de services illégaux, on retrouve le trafic de stupéfiants, toutes sortes confondues : opiacés, dérivés de la cocaïne, cannabis et drogue de synthèse. On considère que pour le narcotrafic, le marché est contrôlé par un oligopole d’une douzaine d’acteurs transnationaux parmi lesquels les cartels d’Amérique latine, les mafias italiennes, la criminalité organisée étasunienne, ou encore les yakuzas japonais. Si les mafias n’ont pas le monopole sur les trafics illégaux mondiaux, on voit néanmoins qu’elles sont des actrices majeures d’un marché qui s’étend aux quatre coins de la planète. Et si les organisations mafieuses étaient des multinationales comme les autres ?
Pour voir plus clair dans son monde d’opacité, nous avons fait appel à Clotilde Champeyrache, maîtresse de conférences en économie à l’Université Paris 8 et enseignante au Centre national d’Arts et Métiers et Bertrand Monnet, professeur à l’EDHEC et titulaire de la chaire management des risques criminels.
Source : Franceculture.fr