La victoire de Daniel Noboa à l’élection présidentielle équatorienne s’est rapidement traduite par des actions concrètes. À peine 48 heures après son investiture, le jeune président a pris une décision controversée en abrogeant la législation qui autorisait depuis dix ans la possession de petites quantités de drogues. Cette mesure, censée lutter contre le trafic de stupéfiants, a été mise en œuvre conformément à la promesse de campagne de Noboa.
« Ce que nous avons promis, nous le mettons en oeuvre », écrivait sur le réseau X :
Lo que prometemos, lo cumplimos 💪🏽🇪🇨
A través del Ministerio del Interior, he dispuesto la derogación de la Resolución del CONSEP, eliminando así la tabla de consumo de drogas que fomenta el microtráfico.
De esta manera, cuidamos el futuro de las familias ecuatorianas y… pic.twitter.com/tiLQo0FuVl
— Daniel Noboa Azin (@DanielNoboaOk) November 25, 2023
Un revers légal rapide
Le jeudi, moins de deux jours après son investiture, le président Daniel Noboa a annoncé son intention de modifier les lois sur les drogues pour criminaliser à nouveau la possession de petites quantités de drogues. Ceci marque un recul par rapport à la législation mise en place il y a une dizaine d’années par l’administration du président démocrate socialiste Rafael Correa.
La décision du jeune chef de l’État n’a pas tardé à se concrétiser, avec une directive adressée au ministère de l’Intérieur dès le lendemain pour mettre fin à la pratique autorisant la détention de petites quantités de drogue. Daniel Noboa avait justifié cette décision en affirmant que cette règle « encourage les micro-trafics à l’école et donne naissance à une génération entière d’enfants dépendants ».
Contexte de trafic de stupéfiants et violence
L’Équateur, situé entre la Colombie et le Pérou, deux grands exportateurs de cocaïne, est devenu une plateforme de transit de la drogue vers l’Amérique du Nord et l’Europe. Autrefois considéré comme un havre de paix, le pays connaît ces dernières années une explosion de la violence entre gangs liés aux cartels colombiens et mexicains.
Les saisies de drogue se succèdent comme lors de l’opération Gran Jerico 35, début octobre, sous l’ancien gouvernement, et la violence qui accompagne le développement du trafic croit à grande vitesse. Entre 2018 et 2022, les homicides ont quadruplé pour atteindre le niveau record de 26 pour 100 000 habitants, avec une tendance à la hausse persistante.
Los hemos dicho en varios ocasiones: combatimos con fuerza al crimen organizado y al narcotráfico.
En el operativo “Gran Jericó 35” se ejecutaron 42 allanamientos, en varias provincias del país, logrando la detención de 28 sujetos y la incautación de 13.6 toneladas de droga. pic.twitter.com/qbd6nfmV0I— Juan Zapata (@CapiZapataEC) October 6, 2023
Engagement contre la violence : état d’urgence et déploiement militaire
Face à cette flambée de violence, Daniel Noboa, plus jeune président de l’histoire du pays, a pris des mesures radicales. Il a promis de mettre en place l’état d’urgence, de suspendre certains droits fondamentaux, notamment la liberté de circulation, et de déployer l’armée dans les rues. Ces décisions reflètent la détermination du nouveau président à restaurer la sécurité dans un contexte où le trafic de drogue est devenu étroitement lié à la montée de la violence.
Réaction Internationale et Allégations de Liens avec le Trafic de Drogue
La décision de Noboa intervient dans un contexte où le pays a été secoué par des allégations de liens entre certains candidats et le trafic de drogue. En début d’année, Fernando Villavicencio, alors député et président de la Commission de contrôle de l’Assemblée nationale, avait dénoncé les supposés liens de 21 candidats avec le trafic de drogue et la corruption. Ces révélations ont marqué une période électorale tumultueuse, culminant avec l’assassinat de Villavicencio lors d’un meeting en août.
Conclusion
La présidence de Noboa s’annonce comme une période de changement radical en Équateur, tant sur le plan de la lutte contre le trafic de drogue que de la gestion de la violence qui y est associée. Les mesures prises, de l’abrogation de la dépénalisation de la possession de drogue à la déclaration de l’état d’urgence, reflètent la détermination du nouveau président à restaurer la sécurité et à faire face aux défis qui assaillent le pays. L’Équateur, autrefois considéré comme un havre de paix, semble être à un tournant crucial sous la direction de Daniel Noboa. La communauté internationale observe attentivement les développements dans ce pays d’Amérique du Sud, confronté à des défis complexes liés à la drogue et à la violence.
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