Publié le 9 Septembre 2020 | Par Orange avec Media Services
En juin, l’Agence du médicament (ANSM) invoquait les imprévus liés à l’épidémie de Covid-19 pour annoncer le report de l’expérimentation, prévue en septembre pour au moins 3.000 patients, à janvier 2021 “au plus tard”. Mais le décret d’application nécessaire au démarrage tarde, au point d’inquiéter de nombreux acteurs.
Pour Gérald Darmanin, la légalisation du cannabis est “une lâcheté intellectuelle”
La légalisation est une lâcheté intellectuelle selon Darmanin !
Il est des phénomènes qu’une réponse pénale seule ne peut résoudre. La société se doit alors de les accepter en tant que tels et, s’ils peuvent parfois mener à des comportements à risque, éviter que cela ne nuise aux principaux.ales intéressé.e.s et à leur entourage, qu’il soit familial ou sociale. La question de la consommation de stupéfiants en fait partie et le demi-siècle passé à la réprimer démontre à quel point il est temps de penser autrement, d’envisager une autre politique.Çe n’est pourtant pas le choix du gouvernement qui, emmené par le nouveau ministre de l’Intérieur, M. Gérald Darmanin, a choisi de souffler sur les braises en laissant à ce dernier le champ libre sur un sujet concernant avant tout les ministères de la Justice et de la Santé. Ce serait en effet à eux de décider de la politique à suivre en la matière, de faire œuvre de pédagogie auprès des législateurs pour réformer ce qui ne fonctionne pas. Au lieu de cela, nous assistons à une surenchère de "gesticulations va-t-en-guerre" du patron de la place Beauvau, s’évertuant à assoir coûte que coûte une légitimité contestée.Et de trouver pour cela, les parfaits boucs émissaires que sont les usager.e.s de stupéfiants, ces êtres fantasmagoriques que tout bon politicien vient à stigmatiser opportunément si nécessaire. Et tandis que le dispositif répressif n’a de cesse, quotidiennement, de démontrer sa totale inefficacité en suscitant ce qu’il est supposé empêcher, on préfère insister à coup d’effets d’annonce et de mesures toujours plus coercitives. Cela peut marcher, mais jusqu’à un certain point.Il semble que nous l’ayons déjà atteint. De très nombreux spécialistes en attestent. Les témoignages de scientifiques, de juristes, de sociologues, de professionnel.le.s de la réduction des risques, de policier.e.s même, rejoignant en cela les associations d’usager.e.s de drogues, s’accumulent, mais rien n’y fait et c’est toujours à la police que l’on confie le soin de gérer la question, à la police de demander son opinion alors qu’elle est censée appliquer la loi et non la discuter. Cela relève du conflit d’intérêt en l’État.La stratégie pour faire accepter à l’opinion publique cette politique de l’échec est toujours la même : si cela ne fonctionne pas c’est parce que la loi n’est pas appliquée et qu’elle demande à être renforcée. La vérité est qu’elle est inapplicable sans quoi nous n’en serions pas là à en débattre.Le problème réside qu’en la matière, l’approche des pouvoirs publics se situe toujours sur le terrain de l’émotion et l’on sait la nature irrationnelle des réactions que celle-ci entraine. Ainsi un comportement individuel n’impliquant de risques qu’à son auteur.e devient-il un drame pour toute la société. Les statistiques démontrent pourtant qu’il existe seulement un très faible pourcentage d’ « usager.e.s problématiques » de drogues. Ce sont pourtant elles et eux que l’on mettra en avant pour légitimer le dispositif répressif et punir la grande majorité vivant parfaitement leurs pratiques en dépit de l'épée de Damoclès judiciaire flottant au-dessus de leurs têtes.Quand bien même ces individu.e.s causeraient des dégâts aussi bien à eux.elles-mêmes qu’à leur entourage, les punir systématiquement n’apparaît pas comme la solution. Qu’en serait-il si l’on appliquait cette méthode pour tous les comportements à risques ? Fort heureusement la société a choisi pour la plupart de ne surtout pas les juger et de préférer à la réponse pénale une gestion pragmatique afin de ne pas en aggraver les conséquences. S’il s’agit de problèmes sanitaires, le soutien et l’assistance mutualisés sont préconisés sans que cela n’interroge personne. Cela semble aller de soi. Il pourrait en être de même dans le cas évoqué ici, mais ça n’est donc pas l’option choisie.Les consommateur.trice.s de produits illicites ne sont pas, faut-il le répéter, des extra-terrestres. Nous sommes vos voisin.e.s, ami.e.s, collègues, supérieur.e.s ou employé.e.s. Vos fils et vos filles aussi. Nous sommes de banals citoyen.ne.s que l’usage de drogues ne distingue en rien des amateur.trice.s d’alcool, de tabac ou de médicaments, sauf peut-être le taux de mortalité bien supérieur dans ces populations. Il ne viendrait cependant à personne l’idée de les réprimer.Le changement de paradigme en matière de stupéfiants est aussi simple… qu’il est compliqué. Simple car il ne s’agit que d’une décision politique. Compliqué parce que sa mise en œuvre nécessite une profonde réflexion pour la rendre efficiente. Il doit s’appliquer en des modalités différentes selon les substances, celles-ci devant être proposées dans des lieux distincts ne bénéficiant pas de publicité.Mais nous n’en sommes décidément pas là et il faudra encore certainement beaucoup d’atermoiements avant d’envisager une décision radicale. D’ici là, la répression mènera sans doute à des situations toujours plus graves. La mise en place de l'amende forfaitaire délictuelle (AFD) accentuera les disparités entre les quartiers populaires, cibles privilégiées des autorités, et les « beaux quartiers » que prétend surveiller à leur tout le M. Darmanin. C’est pourtant dans les premiers que sont principalement déployées les forces de l’ordre…Il ne nous reste en attendant qu’à surveiller les chiffres que le ministère de l’Intérieur se propose désormais de publier régulièrement. Ceux des violences et de la lutte contre les stupéfiants. Mais votre guerre est d'ores et déjà perdue monsieur le ministre, vos soldats vaincus et vos ennemis de plus en plus puissants. Ils sont votre cauchemar que l’insomnie promise ne parviendra pas à étouffer.Lire aussi " DARMANIN CHEZ JJ BOURDIN : UN POMPIER PYROMANE DOUBLÉ D’UN DÉMAGOGUE" : https://www.circ-asso.net/darmanin-chez-jj-bourdin-un-pompier-pyromane-double-dun-demagogue/
Publiée par CIRC sur Lundi 7 septembre 2020
“Cannabis médical, ne vois-tu rien venir ?”. Lancé il y a deux ans, autorisé par l’Assemblée nationale en octobre dernier, le projet d’expérimentation du cannabis thérapeutique a pris des allures d’arlésienne, déplorent mercredi 8 septembre dans une tribune publiée dans Le Parisien une cinquantaine de médecins et d’associatifs, réclamant “la publication du décret dans les plus brefs délais” pour proposer les traitements “dès le premier trimestre 2021.”
[EXCLUSIF] Le cri d’alerte de 51 scientifiques en faveur de l’expérimentation du cannabis à usage médical en France dans une tribune
➡ «Nous attendons des décisions politiques fortes» > https://t.co/PJKbKXz9Ui pic.twitter.com/a9fedkbBfX— Le Parisien (@le_Parisien) September 8, 2020
En juin, l’Agence du médicament (ANSM) invoquait les imprévus liés à l’épidémie de Covid-19 pour annoncer le report de l’expérimentation, prévue en septembre pour au moins 3.000 patients, à janvier 2021 “au plus tard”.
Mais le décret d’application nécessaire au démarrage tarde, au point d’inquiéter de nombreux acteurs.
“C’est de la non-assistance à personne en douleur”
“Les patients et les professionnels de santé commencent à émettre des doutes sur la volonté politique de mettre réellement en place l’accès au cannabis médical”, explique à l‘AFP le psychiatre et pharmacologue Nicolas Authier, président du Comité scientifique temporaire (CST) chargé de superviser l’expérimentation. “Cela engendre de l’anxiété chez les patients, les médecins ne savent plus quoi leur répondre”, ajoute-t-il.
“C’est de la non-assistance à personne en douleur”, enrage Marie-Madeleine Gilanton, à la tête de l’association Apaiser, qui représente 7.000 patients atteints de syringomyélie ou d’une malformation de Chiari, des maladies rares du système nerveux et de la moelle épinière, pour qui le cannabis thérapeutique représente un espoir. “Certains patients n’y croient plus”, raconte-t-elle. “Ils pensent que le candidat (Emmanuel) Macron veut garder le cannabis thérapeutique sous le coude pour s’en servir d’un argument à la prochaine présidentielle. Mais eux souffrent et n’ont pas le temps d’attendre 2022″.
Le cannabis à fumer exclu
“Ce qui bloque, c’est la volonté politique”, estime Bertrand Rambaud, président de l’association Alternative cannabis thérapeutique (ACT), qui pointe “la peur des politiques de voir le cannabis médical être le premier pas d’une légalisation du cannabis récréatif” alors que le gouvernement a fait de la lutte contre le trafic de stupéfiants une priorité. “Ça n’a rien à voir”, plaide ce séropositif intolérant aux antirétroviraux qui soigne ses douleurs en ingérant de l’huile de cannabis avec, précise-t-il, une “concentration de THC (la molécule qui produit les effets psychotropes du cannabis) bien moindre que celle d’un joint”.
L’expérimentation exclura d’ailleurs le cannabis à fumer. Les médicaments se présenteront sous forme d’huiles, de gélules et de fleurs séchées à vaporiser et ne seront administrés qu’à des patients souffrant de maladies graves : certaines formes d’épilepsies, de douleurs neuropathiques, d’effets secondaires de chimiothérapie, de soins palliatifs ou de scléroses en plaques. “Le cannabis médical n’est pas le cheval de Troie vers la légalisation d’autres usages de la plante”, appuie Nicolas Authier, “c’est un sujet totalement indépendant”.
Des doutes sur les délais
Contactée, la Direction générale de la santé assure qu’une publication du décret “est visée pour le mois de septembre”. Le Conseil d’Etat “vient d’être saisi” pour validation et “le début de l’expérimentation est toujours prévu pour janvier”, assure-t-elle. “Même si le décret était publié en septembre, je ne suis pas sûr qu’on arrivera à commencer en janvier”, doute Nicolas Authier. La production de cannabis étant interdite en France, l’ANSM ne disposerait que de quatre mois pour lancer les appels d’offres, sélectionner des fournisseurs étrangers puis importer leurs médicaments.
Des importations contre lesquelles s’insurgent de nombreux agriculteurs. Ils réclament le feu vert du gouvernement à une filière française, autre facteur susceptible de repousser les arbitrages. “On ne peut pas les attendre, sous peine de prendre deux ans de retard”, prévient Nicolas Authier.
Dernier problème selon lui, l’expérimentation n’a reçu aucune dotation budgétaire propre, contrairement au projet validé par l’Assemblée. “Ça veut dire que les médicaments seraient fournis gratuitement par les fournisseurs”, décrypte le député Robin Reda (LR). Avec, dit-il, deux risques potentiels : que ces entreprises “limitent la variété de médicaments testés” ou “demandent des contreparties pour se positionner sur le marché français” en cas de légalisation du cannabis médical.
Face au “retard regrettable” de l’expérimentation, la mission parlementaire sur les usages du cannabis, qu’il préside, publiera ses conclusions sur le cannabis thérapeutique dès la semaine prochaine.