Les dernières statistiques européennes sont sans appel. Les Français sont de loin les plus gros consommateurs de cannabis. Un constat qui ne manquera pas d’alimenter les débats de la présidentielle…
Eric Zemmour, oui oui, Eric Zemmour s’est dit il y a quelques mois favorable à une « légalisation ordonnée ». Pourquoi ? Parce qu’il a fait le constat que la répression « cela ne marche pas ».
Même au gouvernement, la cohésion est en train de partir en fumée. La ministre Barbara Pompili – numéro 3 du gouvernement – disait lundi… « Il faut ouvrir le débat de la légalisation ».
Ce n’est pas une boulette. Elle défend la position du ministre de la Santé Olivier Véran. Il était invité chez nos confrères de France bleu. Il a dit qu’il regardait « avec intérêt », ce sont ses mots, les pays qui avaient légalisé.
Ni Emmanuel Macron, ni Jean Castex ne les ont rappelés à l’ordre
Il y a du laisser-aller dans les rangs ! Non, en vérité, si les ministres prennent un peu de liberté, c’est parce qu’ils savent que la position d’Emmanuel Macron a bien changé…
Aujourd’hui, il montre les muscles. Il se rend sur des points de deal, comme à Montpellier. A Marseille, il a culpabilisé les clients. Ceux qui fument sont des complices » de fait des dealers. C’est la même rhétorique martiale que celle de son ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.
Pourtant, écoutez ce que disait le candidat Macron sur cette antenne en 2016 :
Aujourd’hui le cannabis pose un problème, en effet, de sécurité, de lien avec la délinquance dans des quartiers difficiles, de financement de réseaux occultes. Et donc on voit bien que la légalisation du cannabis a des intérêts de ce point de vue et a une forme d’efficacité
Le candidat Emmanuel Macron était un libéral libertaire, c’est-à-dire un libéral sur le plan économique et sur les questions sociétales. Or, avec l’exercice du pouvoir, il a durci ses positions sur toutes les questions régaliennes : laïcité, immigration, sécurité, et… donc drogues.
Ajoutez enfin une pincée d’opportunisme électoral. Le président convoite en ce moment l’électorat de droite…
Et voilà comment les positions des uns et des autres risquent de mettre le feu au débat.
- Marcelo Wesfreid Journaliste au service politique du Parisien / Aujourd’hui en France
Source : Franceinter.fr