Dans les cartons depuis 2 ans, le projet de production de cannabis thérapeutique en Creuse avance peu à peu. L’Agence nationale du médicament vient d’annoncer qu’elle prévoit de commencer l’expérimentation dès septembre 2020 et elle ouvre la porte aux producteurs français.
C’est ce qu’a annoncé Christelle Ratignier-Carbonneil, la directrice adjointe de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), mercredi 22 janvier 2020, lors des premières auditions de la mission d’information parlementaire sur le cannabis lancée à l’Assemblée nationale.Compte-tenu de ce délai très court, l’Agence du médicament envisage d’avoir recours à des producteurs étrangers, mais précise « si un producteur est en capacité de répondre aux critères (…) il pourra être retenu ».Pour Jouanny Chatou, éleveur et agriculteur à Pigerolles et un des porteurs duprojet de production de cannabis thérapeutique en Creuse, cette annonce est un signe «encourageant».
Car jusqu’à maintenant, le projet d’expérimentation du cannabis thérapeutique en France, validé en décembre 2018, concernait l’utilisation du cannabis thérapeutique, pas sa production.
C’est une ouverture par rapport au positionnement précèdent, poursuit l’agriculteur creusois. Car initialement, l’expérimentation ne devait se faire qu’avec des produits importés sur les 2 années. Maintenant, les producteurs français vont pouvoir répondre à l’appel d’offre.
Dans ce but, un dossier commun de production, transformation et mise en vente (sous forme de médicament) de cannabis thérapeutique en Creuse a été déposé en décembre 2019 :
Nous avons récupéré un ancien site militaire (près de camp de la Courtine) qui est mis à disposition par la communauté de communes Haute-Corrèze.
Sur ce site déjà sécurisé, il y a un bâtiment de 850 m2 enterré qui pourrait accueillir les plantations de cannabis thérapeutiques.
L’idée c’est de créer un pôle d’excellence du chanvre avec une partie production thérapeutique (sous serres et dans le bunker déjà existant), une pépinière d’entreprises, de la recherche et du développement et de la formation.
Ce projet d’une filière du cannabis thérapeutique est porté depuis 2 ans, en partenariat avec le laboratoire Centre Lab de Guéret, l’institut supérieur de cannabiculture ainsi que d’autres acteurs locaux et nationaux. Il a été inscrit au Plan Particulier pour la Creuse (PPC) et est soutenu par la région Nouvelle-Aquitaine.
Toutefois, il reste encore des problèmes :
Pour l’instant, nous n’avons pas de cahiers des charges précis. Personne ne peut se lancer sans les accords de production. Il faut une garantie de rachat derrière.
Et même si les producteurs français obtenaient cet accord rapidement, ils ne pourraient pas fournir du cannabis thérapeutique dès septembre. Au mieux, la production pourrait démarrer dans le milieu 2021.
On a déjà un an de retard, conclut Jouanny Chatou. Mais l’idée c’est d’être prêt pour la fin de l’expérimentation et pouvoir proposer du cannabis thérapeutique avec toutes les garanties nécessaires.
Sans quoi, le marché sera pris par des producteurs étrangers.
Les différents types de cannabis
- Le chanvre : c’est l’une des productions agricoles les plus anciennes en France et ses variétés sont inscrites au catalogue européen. Ses utilisations vont du jardinage au textile, en passant par l’industrie automobile et le bâtiment.
- Le cannabis « bien-être » : Il ne contient pas de THC (substance stupéfiante et psychotrope), mais certaines variétés contiennent du cannabidiol (CBD) dont les effets relaxants et apaisants sont utilisés dans certains produits (tisanes, cosmétiques…).
La France interdit sa production. Mais l’Union Européenne autorise sa libre circulation.
- Le cannabis thérapeutique : son usage répond à des critères très précis, notamment pour sa contenance en THC et son mode de production (en milieu fermé avec une atmosphère contrôlée). Il contient également du CBD.
Ses variétés ne sont pas inscrites au catalogue européen. Ce qui pour l’instant ne permet pas sa production en France.
Un comité spécifique de l’ANSM a autorisé son expérimentation pour 2 ans à compter du 1er janvier 2020 pour 5 pathologies spécifiques.
- Le cannabis récréatif : Ce sont les mêmes variétés que le cannabis thérapeutiques. Mais sans contrôle des taux de THC, et sans cadre juridique de production.
Sa consommation et sa production sont interdites en France. Ce qui n’empêche pas les Français d’être les premiers consommateurs européens de cette substance, selon l’Observatoire européen des drogues et toxicomanies.
Source : france3-regions-francetvinfo.fr