Une nouvelle étude scientifique, parue la semaine dernière dans la revue Cureus, confirme ce que de nombreux patients expérimentent depuis des années : le cannabis médical soulage efficacement les douleurs chroniques tout en permettant de réduire, voire d’abandonner, les analgésiques traditionnels – en particulier les opioïdes – sans altérer les capacités cognitives.
Un soulagement efficace, au-delà de la douleur seule
Réalisée auprès de patients souffrant de douleurs musculo-squelettiques chroniques, cette recherche démontre que plus de 80 % des participants ayant eu recours au cannabis médical ont constaté une réelle efficacité contre leurs douleurs. Mais les bénéfices ne s’arrêtent pas là. De nombreux patients ont également rapporté une amélioration de troubles associés, tels que l’insomnie et l’anxiété. Ces résultats soulignent ce que beaucoup d’usagers savent de manière empirique : le cannabis, loin de se limiter à un simple effet antalgique, agit sur un ensemble de symptômes interconnectés, souvent mal pris en compte par les traitements conventionnels.
Le Dr Mohammad Khak, co-auteur de l’étude, y voit une ouverture majeure : « Cela suggère que le cannabis pourrait offrir un soulagement plus large que les analgésiques classiques seuls. »
Un outil de sortie face à la dépendance aux opioïdes
Fait particulièrement marquant : près de 40 % des patients ont réduit leur consommation d’analgésiques conventionnels, et plusieurs ont même signalé une diminution de leur dépendance aux opioïdes. Dans un pays – les États-Unis – ravagé par une crise des opioïdes dont les conséquences humaines sont dramatiques, cette observation prend un relief particulier.
Le Dr Ari Greis, auteur principal de l’étude, le formule sans détour : « Le cannabis pourrait servir d’alternative plus sûre ou de complément aux approches classiques de gestion de la douleur, contribuant potentiellement à résoudre la crise actuelle des opioïdes. » Cette déclaration devrait, à elle seule, suffire à mobiliser les décideurs politiques et les autorités sanitaires. Pourtant, le cannabis médical reste trop souvent ignoré, voire activement freiné, dans les politiques de santé publique, en raison de blocages idéologiques.
Des formes variées, une efficacité confirmée
Les patients étudiés ont consommé du cannabis sous diverses formes – huiles, fleurs vaporisées ou fumées – et ce généralement après avoir constaté l’inefficacité des traitements conventionnels. L’usage n’est donc pas un premier recours, mais une réponse pragmatique à l’échec du système médical dominant.
Malgré cela, seul un quart des patients a reçu une recommandation médicale formelle pour entamer cette thérapie. Un chiffre accablant, qui illustre à quel point la formation médicale sur le cannabis reste lacunaire, et à quel point la stigmatisation et les obstacles réglementaires freinent une prise en charge pourtant bénéfique.
Peu d’effets secondaires, aucun impact cognitif significatif
Concernant les éventuels risques liés à une consommation prolongée, les chercheurs ont voulu vérifier les effets sur la cognition. Résultat : aucun trouble cognitif majeur n’a été observé chez les patients, la plupart se déclarant même mentalement plus vifs qu’avec les opioïdes. Seuls des effets secondaires mineurs, comme la sécheresse buccale ou une fatigue légère, ont été rapportés.
Autrement dit, le cannabis médical se distingue non seulement par son efficacité, mais aussi par sa tolérance – un contraste saisissant avec les traitements opioïdes, bien plus toxiques et addictifs.
Le besoin criant de politiques cohérentes et de formations médicales adaptées
Les chercheurs concluent à la nécessité urgente de lancer des essais cliniques d’envergure, afin d’asseoir scientifiquement les témoignages de milliers de patients. Mais ils appellent aussi à une réforme des pratiques : formation des professionnels de santé, clarification des cadres réglementaires, et surtout, fin de la stigmatisation.
Pour le CIRC, cette étude renforce une évidence : il est temps de sortir de l’hypocrisie sanitaire qui persiste à refuser au cannabis sa place dans l’arsenal thérapeutique moderne. Non seulement des vies pourraient être soulagées, mais certaines pourraient être sauvées, en réduisant la dépendance aux opioïdes et leurs conséquences tragiques.
Le cannabis médical n’est ni un produit miracle, ni une panacée. C’est un outil thérapeutique rationnel, sûr, et sous-utilisé, auquel il convient de donner toute sa place dans une médecine humaine, fondée sur les preuves et non sur les préjugés.
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