Il est temps que le Canada prenne les grands moyens afin de répondre à la crise des opioïdes, qui a fait des milliers de morts ces dernières années, estime la chef du Parti vert Elizabeth May. Et pour ce faire, il faudra qu’Ottawa déclare « l’urgence sanitaire nationale » et décriminalise la possession de drogues, a-t-elle soutenu.
Cette mesure est nécessaire afin de permettre à ceux qui souffrent de dépendances d’obtenir l’aide dont ils ont besoin et de protéger les Canadiens, a expliqué Mme May, qui était de passage à Winnipeg, samedi. Nous devons cesser de traiter la toxicomanie comme un problème criminel et commencer à la traiter comme un problème de santé publique
, a-t-elle déclaré.
« Si la possession de drogues est décriminalisée, les personnes n’auront pas peur d’aller chercher de l’aide. »
Le Parti vert tient ainsi à faire reconnaître le fait que ces morts sont liées à une « contamination » au fentanyl, plutôt que d’avoir recours au terme « surdose ».
Dans les médias et en général, on en parle comme de surdoses liées aux opioïdes. Je vois les choses différemment. Nombre de ces décès, si ce n’est pas tous ces décès, étaient des empoisonnements
, a souligné Mme May.
La chef du Parti vert n’exclut pas que cette décriminalisation soit temporaire, le temps d’endiguer le flux de drogues contaminées par le fentanyl au pays. « Le statu quo ne marche pas », a-t-elle martelé.
Selon la chef du Parti vert, il revient au gouvernement d’assurer un « approvisionnement sécuritaire » pour les Canadiens.
La crise des opioïdes en chiffres
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Santé Canada a dénombré plus de 11 500 décès apparemment liés à la consommation d’opioïdes entre janvier 2016 et décembre 2018. La plupart d’entre eux ont été recensés dans l’Ouest du pays.
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Le Fentanyl© et ses dérivés étaient en cause dans 73 % des cas de morts liées aux opioïdes en 2018.
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94 % des décès liés aux opioïdes en 2018 étaient accidentels, ce qui « accentue la crainte que diverses drogues illicites soient contaminées par des substances toxiques », indique Santé Canada.
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, la crise des opioïdes ne frappe pas uniquement les communautés autochtones, marginalisées ou racisées
, a déclaré Mme May, qui n’a pas hésité à montrer du doigt les problèmes de dépendance engendrés par les médicaments sur ordonnance.
La sœur de mon mari pourrait encore [être parmi nous], n’eût été de sa dépendance aux médicaments qu’on lui avait prescrits
, a-t-elle confié, visiblement émue.
Le plan des verts pour remédier à la crise des opioïdes comprend un financement accordé aux organismes communautaires afin qu’ils puissent tester les drogues et distribuer plus de trousses de naloxone, qui permet de traiter rapidement les surdoses. Le parti propose aussi d’augmenter le financement des programmes de soutien en santé mentale et d’aide aux personnes souffrant de dépendances.
Si les verts s’entendent avec les néo-démocrates sur l’importance de décriminaliser les drogues, les libéraux, eux, rejettent cette option. Malgré les recommandations formulées en ce sens par un comité des Communes et plusieurs acteurs de la santé publique, le premier ministre sortant Justin Trudeau a déjà déclaré que cette option « ne faisait pas partie de [ses] plans ».
Les deux députés verts qui siégeaient aux Communes lors de la dissolution de la chambre, Elizabeth May et Paul Manly, représentent respectivement les circonscriptions de Saanich—Gulf Islands et de Nanaimo—Ladysmith, toutes deux situées en Colombie-Britannique, l’une des provinces où la crise des opioïdes a fait le plus de morts.
Source : Radio-Canada