Un boucher marseillais a créé la première chipolata à la fleur de cannabis. Un vrai succès commercial qui le pousse à vouloir voir plus loin.
Le buzz sur les réseaux sociaux et le bouche-à-oreille ont eu raison des stocks. Derrière son étal de la rue d’Endoume, quartier populaire et historique du sud de Marseille, Luca Morand ne peut plus, temporairement du moins, fournir sa clientèle en saucisse à la fleur… de cannabis. « En trois jours, j’ai vendu plus d’une trentaine de kilos de saucisses à l’herbe. Jamais je n’en avais vendu autant en si peu de temps », explique le boucher de 22 ans.
Pour un coup d’essai, ce fut un coup fumant que de tenter cette première française d’une saucisse au cannabis. « Au CBD, corrige l’artisan à la main verte, c’est une fleur légale achetée auprès de revendeurs agréés. » Le cannabidiol ou CBD est l’une des composantes du cannabis, comme le tétrahydrocannabinol (THC). Des molécules proches mais aux effets différents.
La loi autorise ainsi depuis 2011 la commercialisation de produits à base de cannabis, dont le taux de THC est inférieur à 0,2 %. « Le CBD donne le goût au produit, que l’on peut ingérer en toute légalité. Il n’y a pas d’effet psychotrope. On ne plane pas, on est sur un produit apaisant et relaxant », dit Luca Morand. L’idée fantaisiste née autour d’un barbecue d’été est donc très vite devenue réalité. Et la recette prend.
« J’ai une clientèle nouvelle, de tous âges, qui vient de partout, de Marseille mais aussi d’Aix-en-Provence, de Châteaurenard et de Sausset. Je commence même à recevoir des appels téléphoniques pour savoir si je peux livrer hors des Bouches-du-Rhône », assure-t-il. « Et puis, il y a les clients habituels qui sont curieux de tester un nouveau produit. » Un engouement qui pousse le jeune homme à voir plus grand.
Une saucisse à 4,50 euros
« J’ai envie de créer une gamme complète à base de fleur de cannabis. Des saucissons, du jambon et plein d’autres produits. » D’autant que les clients sont prêts à débourser davantage, environ 4,50 euros pour une saucisse à l’herbe contre 2 à 2,30 euros pour une chipolata classique.
« La rareté du produit a une influence sur le prix, 50 euros du kilo. C’est le coût de l’exclusivité et des recherches mises en œuvre. » Prudent, Luca Morand a pris soin de déposer la marque de son invention dès le mois de mai et conserve jalousement les secrets d’une fabrication qu’il a mis plus d’un an à peaufiner. Car, selon lui, la concurrence risque d’être rude.
« Elle va essayer d’entrer sur ce marché, mais je ne suis pas inquiet, j’ai de l’avance. » Ouidi, le nom donné par le Marseillais à sa saucisse, se veut un rappel de l’anglais argotique « weed », littéralement la « mauvaise herbe », utilisé pour désigner familièrement le cannabis. « Cela sonne bien et ce sera plus simple si un jour on vise l’exportation », conclut, sans rire, Luca Morand.
Source : Le Parisien